Skip to main content

« Qui que je sois au fond de moi, je ne suis jugé que par mes actes »

Oui Bruce, c’est vrai. Mais ce que je fais est-il plus important que ce que je suis ? Question de deux de mes clients qui ont évoqué cette distance apparente entre l’Être et le Faire. Alors que nous nous connaissions à peine, ces chefs d’entreprise semblaient s’être résolus à ne pas approfondir ce qu’Est leur marque, mais à s’attarder plutôt sur les actions tangibles que leur marque respective pourrait engendrer.

La tendance du Maker

 

Notre société entière nous encourage à faire, à nous exécuter, à nous lancer, à faire acte. Il y a même une urgence à agir. Aujourd’hui, c’est ainsi que la vie de beaucoup d’entre nous prend tout son sens : en agissant. Faire un geste pour la planète, aller voter, marcher dans la rue pour manifester, se mouvoir en se montrant en vidéo sur les réseaux sociaux. La communication est action ! C’est pourquoi de nombreuses communautés de makers, des faiseurs, ont vu le jour depuis cette dernière décennie.

D’ailleurs quelles sont les origines du terme “maker” ? Il vient des États-Unis. En 2005, des bricoleurs ont créé une communauté, dirigée par Dale Dougherty (fondateur du Make Magazine), qui s’est fait appeler les makers. La seule condition pour être maker ? Savoir faire quelque chose de ses 10 doigts.

“Faire” c’est un mouvement qui rassure. Une marque qui ne Fait pas ou qui n’encourage pas ses collaborateurs à être des makers est une marque qui manque de dynamisme, qui ne parait pas s’ancrer dans son époque. Le mouvement est devenu source de satisfaction si tant est qu’il soit le moyen de concrétiser une action probante et positive. Parce que brasser de l’air est aussi un mouvement, mais dont le résultat semble brumeux, voire fumeux. Tout mouvement ne se vaut pas.

Et, comme toute tendance, il y a eu un gargarisme aux makers, un détournement. Ce qui est inévitable et sans réelle conséquence sinon celle de discréditer les makers qui œuvrent véritablement pour un monde meilleur.

Faire VS Être ?

 

Si on revient au postulat de départ qui m’a fait réagir et qui pourrait être résumé ainsi « On se fiche de qui je suis, seul ce que je fais se voit et aura un réel impact », il est à pondérer. Je connaissais une femme très respectable qui me répétait : « la tête avant les mains ! ». Toute action mérite réflexion. Ce qui jusque-là me semble plutôt logique, à moins de vouloir absolument foncer dans un mur pour se rendre compte de son existence.

Disons, que ce qui me dérange le plus, c’est d’opposer le Faire à l’Être. Sommes-nous deux personnes en une ? Une qui Fait et l’autre qui Est ?
To be or not to be, that is always the question ? Depuis tout ce temps !

Dans le champ de la marque, du branding, il y a malheureusement encore cette opposition, aussi incohérente soit elle. En effet, comment peut-on envisager produire, communiquer, vendre, fidéliser (ce qui représente une somme d’actions) sans que cela soit jamais relié à ce qu’EST la marque.

Si on ne sait pas qui on est, comment peut-on se mettre à faire ? Car oui, ce que l’on fait est la chose la plus visible aux yeux du monde. Mais on ne peut pas pour autant dire que ce que notre marque “est” n’est pas important. Bien au contraire, le maker sera d’autant plus impactant si ce qu’il fait est en parfait accord avec ce qu’il est. L’évidence nait de cet alignement tant recherché entre l’être et le faire. Une marque puissante et consciente est une marque qui sait qui elle est… pour pouvoir faire au mieux.

Savoir être pour savoir faire

 

L’Être précède inlassablement et inéluctablement le Faire. Nous ne pouvons pas trancher en nous ce qui fait notre identité profonde et nos actes. Notre identité, notre Être, guide nos actes. En tant que marque, c’est ce que nous devons tous comprendre. Avant de vouloir conquérir un marché, il faut s’y positionner. Et le positionnement demande à ce que la marque se connaisse assez. C’est de là que découlent actions stratégiques et tactiques. On n’abandonne pas l’Être pour Faire, au contraire, on consolide cet Être. Il serait donc inutile de vouloir opposer le « Faire » à l’« Être » mais de bien vouloir prendre un moment en tant que marque pour se regarder dans le miroir de notre société et se demander : qui suis-je vraiment ?

Gina Di Orio 💙